Les Faux Zodiaques de Denderah

Tout le monde ou presque connaît le célèbre Zodiaque de Denderah, beaucoup d’entre vous, ont publié sur leur site et blog une copie de cet artefact unique en son genre, et pourtant, ces copies ne sont aucunement fidèles à l’original ci-dessous :

Pour savoir si une copie est fiable, respectueuse de l’original, cette copie doit se superposer parfaitement sur l’original, pour se faire, il suffit de se concentrer sur un ou plusieurs personnages du zodiaque et de voir ce qui se passe. ( il vous suffit de cliquer sur chacune des animations pour la voir s’animer, si ce n’est pas déjà le cas ).

Commençons par la célèbre copie de MM. Jollois, ingénieur (1776-1842 ) et Devilliers, ingénieur (1780-1855) qui ont  fait partie de l’Expédition d’Égypte par Napoléon Bonaparte :

On peut remarquer que tous les personnages ne sont pas  à leur place originale comme sur le zodiaque original de Denderah, il suffit par exemple d’observer au centre comment l’hippopotame debout sur ses pattes arrière semble danser comme une « French cancan du Crazy Horse » par rapport à l’original.

Mais ce ne sont pas là les seules erreurs de leur copie, voici entouré en rouge, les endroits où l’on voit les autres erreurs :

Les nombreuses erreurs du poster de Devilliers et Jollois sont dénoncées par Antoine-Jean Saint Martin ( 1791-1832 ), orientaliste qui a écrit le livre « Notice sur le Zodiaque de Denderah« , dont voici ci-dessous l’analyse :

Voici maintenant la copie de Dominique Vivant Denon dit le baron Denon, (1747 à 1825 ),  graveur, écrivain, diplomate et administrateur français :

Le Nombre d’erreurs du Baron Denon est encore plus conséquent que celui des ingénieurs Devilliers et Jollois. En effet, observez, entre autre, la minuscule taille du Bélier par rapport au bélier du zodiaque original. De plus, les personnages sont complètement décalés par rapport à l’original, même le cercle de l’artefact est plus grand que celui de l’original, bref, on ne peut vraiment pas se fier au travail de Denon.

Mais ce ne sont pas là les seules erreurs de sa copie, voici entouré en rouge, les endroits où l’on voit les autres erreurs :

Le Baron Denon, ex-directeur général du Musée du Louvre jusqu’en 1815, précise lui même :

« Je n’ai rien étudié, parce que cela m’eût ennuyé. Mais j’ai beaucoup observé, parce que cela m’amusait. Ce qui fait que ma vie a été remplie et que j’ai beaucoup joui. « …

Extrait de sa correspondance avec Lady Morgan ( La France, 1817, tome II, pp. 307 ).

On ne pouvait donc pas s’attendre à un travail scrupuleux de la part d’un artiste jouisseur comme Denon.

Voici cette fois la copie de Jean-Baptiste Biot (1774-1862), physicien, astronome et mathématicien français :

Sur celle de M.Biot, nous remarquons qu’il y a beaucoup moins d’erreurs bien que certains personnages sont aussi un peu décalés par rapport à l’original. La copie de Biot à peine esquissée en comparaison avec le zodiaque original.

Voici entouré en rouge, les endroits où l’on voit ses erreurs :

La différence avec la copie de MM. Jollois et Devilliers ainsi que celle Denon, est que M.Biot a réalisé sa copie à Paris en 1822, contrairement aux premiers qui eux, durent se faire un sacré torticolis en observant le zodiaque toujours fixé au plafond de la Chapelle d’Osiris, éclairé par des torches.

Voici maintenant la « reproduction » en marbre de Jean-Jacques Castex ( 1731 à 1822 ), sculpteur français :

Si on observe bien cette copie en marbre, on se rend très vite compte, que le style égyptien a disparu et qu’il a été remplacé par un style romain sans doute due au trait académique de J.J. Castex, mais ce qu’on ignore sûrement, c’est que ce sculpteur ne s’est jamais basé directement sur le Zodiaque original comme l’ont fait les autres artistes, ingénieurs et savants de l’expédition, en effet, J.J.Castex s’est simplement basé sur la copie exécutée par MM. Jollois et Devilliers.

J.J. Castex fût malgré tout payé pour sa mauvaise copie, comme en témoigne cette notice :

18.000 frs de l’époque, ce qui représente une sacrée somme pour un travail aussi bâclé, car ce que l’on lui demanda, c’est de reproduire l’original et non pas de se baser sur une copie qui déjà contenait des erreurs.

Mais ce qui est intéressant avec cette « copie » en marbre, c’est qu’on remarque bien qu’il n’est pas aussi facile de respecter la position et l’espace entre chaque personnage, ce qui augmente la valeur technique du véritable zodiaque de Denderah, objet unique en son genre, s’il en est.

La copie de François Chretien Gau (1790-1853 ), Architecte et illustrateur, est une copie basée sur celle M.Bio. M.Gau esquissa lui aussi les personnages comme si seul comptait pour lui de reproduire leurs emplacements exacts sur le Zodiaque de Denderah  :

La copie de Charles de Hesse-Cassel ( 1744 à 1836 ) ( attention à ne pas confondre avec son homonyme Karl von Hessen-kassel qui lui est né en 1654  et mort en 1730 ) a aussi réalisé une reproduction très peu fidèle qui fût présentée dans son livre « La pierre zodiacale du temple de Dendérah  expliquée » publié par André Scidelin en 1824, à Copenhague. Il suffit d’observer les personnages comme le Lion qui danse la samba avec son arrière trai et le personnage du centre qui fait des claquettes, la Vierge qui danse la polka , etc… pour constater les nombreuses différences avec les personnages du Zodiaque original :

Nommer son livre avec un tel titre alors que sa copie contient plus de 30 d’erreurs sans parler des hiéroglyphes qui ne sont pas représentés fidèlement est le comble de la négligence.

Conclusion des copies du 19 ième Siècle :

Aucune des copies exécutées sous l’expédition de Napoléon Bonaparte et sous son siècle, n’est fidèle à l’original.

Mais le plus grave est que ni les archéologues, ni les égyptologues, n’ont dénoncé ces erreurs, pour empêcher, que l’on propose des théories, des thèses, des analyses aussi rocambolesques que fantaisistes en se basant uniquement sur ces mauvaises copies.

Les « Artistes » plus modernes du Zodiaque égyptien :

En ce qui concerne les artistes modernes ou plutôt les simples coloristes des copies comme celles représentées ci-dessous, le constat est le même, la copie est bâclée :

Voici une autre copie moderne avec des couleurs très agréables à l’oeil, mais dont la fidélité est nulle elle aussi :

On constate les mêmes erreurs de décalage, de distances négligées, les personnages ne sont pas identiques, et certains personnages sont complètement dénudés alors que sur l’original, ils ne le sont pas, bref, elles ne valent pas mieux que les copies du 19 ième Siècle et pour cause, elles s’inspirent des copies du 19e siècle.

Conclusion  :

Ces copies pleines d’erreurs sont une véritable honte pour l’archéologie et l’égyptologie, car si l’un ou l’autre se permet de changer les détails d’une oeuvre originale, peut-on encore prétendre que l’analyse qu’on en a fait est sérieuse ?

C’est comme si, pour la Joconde de Léonard de Vinci, on prétendait que toutes les copies sont comparables à l’original :

Le Musée du Louvre serait scandalisé si on prétendait qu’il s’agit de la même. Hélas, il n’en va pas de même pour le Zodiaque de Denderah qui vaut sans doute bien plus que la croûte de Léonard de Vinci, car contrairement au zodiaque de Denderah, la Joconde ne nous apprend rien.

Pourtant, on sait que l’archéologie emploie une méthode très simple pour obtenir une copie exacte d’une pièce originale, il s’agit du décalquage.

Il suffit de poser une feuille calque sur un bas-relief et de suivre scrupuleusement les traits originaux d’un bas-relief ou d’un dessin sur une paroi, de grotte par ex :

C’est la seule méthode qui permet d’obtenir une copie vraiment fidèle à l’original. C’est précisément cette méthode que l’on peut aussi appeler « copie par superposition », que j’ai modestement utilisé pour la copie du zodiaque de Denderah, le résultat est que contrairement aux mauvaises copies citées dans cet article, les personnages de ma copie ne bougent pas du tout par rapport à l’original.

Une bonne copie doit seulement clignoter quand on la superpose sur l’original, c’est la seule garantie d’un travail de reproduction fiable :

Mais attention, le travail fidèle de reproduction ne s’arrête pas là, il faut aussi tenir compte des véritables couleurs de l’ancienne Égypte, car chacune de ces couleurs a une valeur symbolique que l’on ne peut pas écarter sous prétexte que l’on apprécie une ambiance rouge ou bleu foncé…

Afficher sur son site ou son blog une mauvaise copie qui néglige l’art graphique et les calculs astrométriques que les Anciens Égyptiens ont placé dans cet artefact  n’est ni respectueux ni très sérieux.

Voici ci-dessous, la copie en couleurs sous forme de poster la plus fidèle qui existe du zodiaque de Denderah :

poster-original-wordpress1

Pourquoi est-ce si important de respecter parfaitement le graphisme et le sens du Zodiaque de Denderah ? Parce que c’est le seul moyen possible pour tenter de déchiffrer correctement à son contenu.

Si vous le souhaitez, vous pouvez observer le Zodiaque de Denderah sous plusieurs angles différents et tailles différentes, à cette adresse.

Laisser un commentaire